Franz Alias

« Nos éternels présents »

Attiré par la pratique de la photographie, j’ai découvert l’argentique et ses procédés durant ma jeunesse. Je me forme d’abord seul au développement et aux tirages d’épreuves, afin de poursuivre mon apprentissage par une formation en audiovisuel. À l’issue de mes études, je travaille durant une vingtaine d’années dans l’industrie du cinéma, en tant que projectionniste. Par ailleurs, je cultive mon goût pour l’écriture par la rédaction de poèmes, nouvelles, pièces de théâtre et romans.

Renouant avec mon outil de prédilection il y a quelques années, je porte cette fois-ci mon intérêt en direction d’appareils photos des années 50 et 60, auxquels j’associe des pellicules argentiques périmées, dans le but de prolonger leur existence tout en questionnant le temps qui passe.

Il y a ce que nous traversons, ce qui s’est construit, ce qui s’efface.
Il y a les arbres qui grandissent, les pierres qui s’usent, l’eau qui coule, la mer toujours.
Il y a nous, et le temps.
Il y a notre ombre qui glisse sur des pavés. Mais des pavés qui durent.

Adepte du Wabi-Sabi, cette philosophie d’origine japonaise qui consiste à accepter et à reconnaître la beauté dans l’imperfection des choses qui nous entourent, je crée des images du temps présent de façon qu’elles paraissent surgir d’une autre époque. Le terme « wabi » évoque la simplicité, la solitude, le rustique et l’élégance à la fois, celui de « sabi » la beauté qui a vécu, la mise en valeur de l’âge et de l’usure, la patine.

Une touche un peu destroy, des rayures aléatoires, du grain, des défauts, des taches inattendues, un ton suranné, mes images ressemblent à des photographies d’un ancien temps, bien qu’elles soient d’aujourd’hui. Je cherche à parler du temps, celui qui passe, celui qui reste, ces choses et ces vivants qui le traversent. Ce détournement permet de solliciter le lecteur, ou le spectateur, à propos de sa propre place, de lui proposer de s’interroger sur sa présence passagère face à la durabilité des choses. En adoptant de vieux appareils photos argentiques et en utilisant des pellicules noir & blanc périmées, je m’insinue dans le questionnement même de ma démarche : dépositaire de ce matériel, je me destine à lui prolonger l’emploi, à lui chercher le défaut et à en créer de supplémentaires, dans le but de me rapprocher délicieusement de l’imparfait.

www.franzalias.fr

Lieu d’exposition
La Cave à bières
1 rue des Gobelins, 76600 Le Havre
06 59 34 13 03
Horaires d’ouverture
du mardi au samedi / 10h – 19h

Les commentaires sont clos.