NADÈGE HERAUD

ZONE SENSIBLE

L’Espace Claude Monet – Ateliers de Sainte-Adresse du 2 avril au 8 avril et du 26 avril au 7 mai
18 Rue Reine Elisabeth, Sainte-Adresse

Horaires
mardi – mercredi – jeudi – vendredi – samedi
14h à 18h

Site : www.nadegeheraud.fr

Plasticienne de formation, j’ai pratiqué les arts verriers pendant près d’une quinzaine d’années sur
Chartres, puis sur Tours, une page que je tourne pour réinvestir le support photographique. Plus
qu’une envie passagère, je traverse le cadre associatif pour ensuite intégrer pendant un an une école
parisienne. J’explore et j’enrichis mon rapport à la photographie au travers de ma passion immodérée
pour les livres de photographe et je poursuis mon désir de varier les projets en donnant naissance au
collectif Sixième sens. Actuellement investie dans la mise en place des Journées de la photographie à Nantes sous la direction du Centre Claude Cahun, j’étoffe en parallèle le projet « Mémoires croisées » avec le collectif Sixième sens, un travail qui associe nos regards sur l’enfance et la mémoire.

ZONE SENSIBLE
Depuis la fin des années 60, le petit village de Saint Laurent des Eaux dans le Loir et Cher, voit
s’imposer dans le paysage, ses deux premiers réacteurs nucléaires. Les deux autres verront le jour
pendant ma première année de vie, en 1976.
Ma maison voyait se dresser les sœurs jumelles. L’écume silencieuse du ciel, si particulière, cachait un
mal que je ne pouvais ni sentir, ni comprendre. Il en sera ainsi jusqu’au drame de Tchernobyl, qui
éveillera ma conscience à la hauteur de ce qu’elles représentent…
« Elles », ce sont ces tours, que j’associe par projection à des figures féminines et qui prennent part
à ma généalogie. Elles sont devenues, par la force des choses, un élément familier transgénérationnel.
Ma grand-mère et ma mère les auront vues sortir de terre comme on accouche d’une chimère. Ma fille et
moi-même en serons les héritières.
Le site appartient à ce que l’on appelle une ZDHS, une zone de défense hautement sensible. Pour moi
cette zone sensible, révèle la portée émotionnelle qui résulte d’une telle promiscuité.
Les inquiétantes structures métalliques qui habillaient chaque jour ma campagne ont conditionné mon
regard, au point qu’elles font partie intégrante de mes souvenirs d’enfance. Entre sentiment anxiogène
et point de vue nostalgique, ma représentation mnésique flotte en zone grise.
Les centrales ont dessiné mon paysage. Celui dans lequel j’ai grandi et celui de l’intérieur.

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