À fleur de drap
ESPACE CLAUDE MONET
18 rue Reine Elisabeth, Ste-Adresse
Horaires :
Du lundi au samedi : 14H – 18H
TÉL. : 02 35 54 54 05
L’ESPACE CLAUDE MONET ACCUEILLE LE PUBLIC DU 2 AU 20 AVRIL PUIS LES 26 ET 27 AVRIL
VERNISSAGE MARDI 2 AVRIL À 18H00
« Le réveil commence
comme un autre rêve »
Paul VALÉRY
Le corps endormi n’est pas conscient de ses frontières, il est soluble dans le temps et dans l’espace. Le réveil, moment expansif est le passage entre l’évanescent et le concret, il est une transition où l’esprit reprend prise sur le corps, le rassemble et le fait advenir sujet de l’instant présent.
C’est ce bref instant que j’ai voulu représenter dans cette série. Instant familier, mais dont nous n’avons cependant pas grande maîtrise. Dans notre société où le paradigme de l’immédiateté est promu en valeur ajoutée et où l’homme et la femme moderne doivent être en contrôle total et permanent d’eux-mêmes et de sa représentation aux autres, nous ne prêtons à cet instant du réveil aucune valeur. À peine réveillé, il est déjà temps d’être incarné, d’être productif en pensée ou en mouvement. Or, cet instant fécond qui se déploie tout en lenteur, en expansion et en liberté est pourtant essentiel. Moment intime et spontané, où les rêves de la nuit se dissipent dans le concret du jour. Comme si nos nuits n’étaient pas aussi créatives et productives que nos jours. De ce moment, les draps du lit sont bien souvent le premier vecteur sensoriel qui par le toucher, ravive le corps. Cet objet usuel des plus communs devient donc un élément essentiel de mon dispositif photographique. Élément visuel tantôt évanescent, transparent, tantôt substantiel, nervuré, texturé, le drap dissimule, protège, souligne, sublime le corps dénudé qui reprend chair et esprit logique. Réaliser cette série au sténopé fut un choix évident dès l’élaboration du projet.
En effet, ce procédé alternatif associe toutes ses caractéristiques tant techniques, qu’esthétiques au service de ma vision du réveil. L’amplitude du temps d’exposition ici entre 8 et 19 minutes – permet au modèle de s’autoriser le relâchement semblable à celui de l’éveil, lui laissant échapper des mouvements involontaires, relâchant sa respiration qui devient plus profonde, plus ample. La distorsion des lignes du corps en gros plan et une diffraction des zones lumineuses volontairement très contrastées provoquent un certain trouble visuel qui souligne l’expansion et la sensualité du corps. Enfin, la pratique du sténopé impose un cadrage sans viseur. Ce statut instinctif du cadrage convient parfaitement à cet état « d’entre-deux » de la conscience que j’ai voulu capter.
2018 – 2022 Paris // Cette série est dédiée à Annick MAROUSSY